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Les caprices d'Ennairam
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10 juin 2006

Prozac

 

Pendant ma surveillance d'hier, je me suis penchée sur un petit Folio à 2€ que j'avais acheté l'année dernière, après avoir vu un prof. le lire pendant une surveillance justement. Finalement d'ailleurs j'achèterai peut-être le bouquin dont sont extraits les textes.

 

 

Ce passage m'a ravie :

 

"Vous êtes déprimé, vous avez envie d'y voir clair. Vous trouvez l'époque confuse, grégaire, corrompue, bassement commerciale, lâche, fade, criminelle, nulle, absurde. Vous allez à bibliothèque, vous choisissez des livres de « la Pléiade ». Vous emportez avec vous treize tomes de la Correspondance de Voltaire et un .volume de ses Contes.  Vous ajoutez un Rabelais, un  Montaigne, un cardinal de Retz, un Pascal, un La Bruyère, un La Fontaine, deux Molière, un Bossuet, trois Sévigné, deux Montesquieu, huit Saint-Simon, un Diderot, un Sade, un ou deux Chateaubriand, deux Stendhal, un Proust,quatre Céline. En tout, cinquante volumes. Quoi, uniquement des français? N’êtes-vous pas suspect de sympathies nationalistes réactionnaires? Vous ignorez l'objection. Vous disparaissez le temps qu'il faut, vous vivez modestement en zappant ferme votre télévision, vous ne cessez pas de lire. Puis, vous revenez : la cure a été sévère, mais la France nous paraît maintenant un paradis méconnu. Vous êtes guéri, souple, léger, insoupçonnable. Le bruit, la vulgarité, la bêtise vous laissent de marbre. Tout est pour le mieux dans le pire des mondes possibles.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />

Vous êtes étonné, par exemple, que Voltaire, à propos de qui vous avez entendu tant de lieux communs, tienne si bien le coup. Pas une ride, une énergie constante. Dans le trei­zième et dernier tome de sa Correspondance, vous avez consulté l'index général des personnes et des personnages, environ quatorze mille noms. Quel roman ! Quel tissu animé ! Quelle comédie humaine (tiens, vous auriez pu emporter aussi une douzaine de Balzac) ! Quelle vie de bizarre saint rusé ironique! Quelle leçon de style endiablée! Si votre pays a disparu en apparence, du moins vivez-vous intensément dans sa langue qui est, à elle seule, un immense pays dans le temps, un continent immortel. Que d'intrigues on vous cache! Comme on vous ment tous les jours!"

Philippe Sollers (Gallimard)

 

Evidemment, j'aurais plus volontiers mis toute la Recherche, plus quelques essais (contre Sainte Beuve : un délice !), et non un seul volume de Proust (combien de volumes en Pleïade ?). Et d'ailleurs je réïtère auprès de mon neveu Denis : NON Proust n'est pas académique ! Je crois que ce garçon veut me faire mourir d'apoplexie ! Il prône "La Nouvelle Héloïse" comme summum du roman d'amour : d'accord, je l'ai acheté et je ne l'ai toujours pas lu.

 

Au passage on remarquera que la première page est illustrée par un détail (ditaglio, comme tagliatelle...) du "verrou" de Fragonard, qui signait Frago nous dit Sollers, comme Mozart signait parfois Trazom (je l'ai appris hier aussi). Daniel Arasse commente  ce tableau dans le livre dont je vous rebats les neurones depuis quelques notes.

Comme quoi il y a toujours un lien, un fil directeur, ténu parfois, d'une lecture à l'autre, souvent de façon inconsciente ou involontaire (les deux).

 

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Commentaires
E
NOOOOOOOOOOON Martinlotahr ! Proust n'est pas chiant. Enfin pas pour moi an tout cas...Bon, tout le monde ne peut pas aimer tout le monde ...
M
Proust n'est pas académique, il est chiant... (désolé !) Sinon Sollers comme Voltaire est très décrié. Mais par qui ? Par personne d'honnête en vérité.<br /> Bises
L
Essai de réponse au blog
L
D'un lien à l'autre..
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