pourquoi j'ai aimé le grand silence
Film documentaire, tourné seize ans après la première demande d'autorisation : selon les lieux, le temps n'a pas la même valeur.
Je conseille ardemment ce film à mon entourage, mais au moment d'écrire à son sujet, les mots me manquent.
Les moines de l'abbaye de la Grande Chartreuse près de Grenoble ont fait voeu de silence. Les seules paroles prononcées le sont pendant les offices religieux, et pendant la récréation du dimanche après-midi.
Presque trois heures de contemplation devant la vie quotidienne au fil des saisons. Prise de son directe, pas de musique ni de commentaire. C'est ce que j'ai aimé ; je me rappelle avoir détesté la musique qui accompagnait "La planète bleue" par exemple.
Ici, le silence est plein, le son de la goutte d'eau qui tombe dans une écuelle de métal est intense comme celui des ciseaux crissant sur le drap de laine, des chaussures dans l'escalier de pierre que l'on devine glacial.
Les prises de vue en gros plan ne nous épargnent rien de l'humain. Les portraits d'hommes : longs plans immobiles de plusieurs secondes au cours desquelles l'expression du visage se modifie de manière à peine perceptible, sont saisissants.
La vie des moines est dédiée à la prière, l'étude des écritures, et aussi à toutes les tâches nécessaires à la vie du groupe. Ils prennent leurs repas en cellule, sauf celui du dimanche midi.
(Tiens me suis-je demandé, pourquoi n'y aurait-il pas des monastères laïques philosophiques et à fréquentation temporaire ?)
Voir ce film en période de Noël c'était un peu comme boire avec délectation un bouillon de légumes un lendemain d'agapes.