Vénus de Milo
Les vacances de printemps furent belles et ensoleillées, malgré les poussières apportées par quelque volcan islandais. Je n'avais prévu aucune autre escapade que deux jours à Poitiers, annulée pour cause de grève des cheminots.
Ma fille, après une semaine avec sa mère, occupée à divers travaux de couture et autres exercices de Français, dut troquer les visites à Horus prévues avec son père, contre une balade au rocher des aigles de Rocamadour.
Les meilleures choses ayant une fin, elle termina ses vacances chez moi, où nous nous attelâmes vaillamment aux devoirs sur feuille de mathématiques et de SVT (sciences et vie de la terre). Cela prit quelques heures d'une journée que j'aurais volontiers consacrée à d'autre activités, mais il m'arrive de ne reculer devant aucun sacrifice si cela peut rendre à peu près convenable l'adaptation de mon adolescente punko-marxiste à la classe de mathématiques.
J'usai donc de toutes mes ficelles pédagogiques, induction, déduction, questionnement judicieux, assaisonnées d'un brin d'autoritarisme afin que le problème fût compris et résolu et que la copie fût bien présentée avec les deux lignes rouges séparées de trois carreaux pas quatre, puisque l'obsession de son professeur, signalée sur tous les devoirs -entre les deux lignes rouges lorsqu'elles y sont- d'une écriture rageuse assortie de moult points d'interrogation est "présentation de la copie", à l'exception de toute autre remarque.
Le lundi, date de remise signalée sur le cahier de texte en ligne de "pro note", H. assez contente d'elle donne sa feuille -double c'est la règle, même si le devoir ne comporte qu'une demi-page- au professeur qui dit, d'un air suspicieux, que c'est pour le lendemain, et que si c'était pour copier, ce n'était même pas la peine de le rendre.
J'apprends le surlendemain, par le professeur principal, que la dame avait donné un "devoir non noté, à faire impérativement seul, ou à ne pas faire" et qu'elle n'a pas apprécié du tout le fait que j'aie aidé ma fille. Mes bras sont tombés devant cette quadrature du cercle pédagogique. Un devoir "maison" n'est-il pas fait pour permettre aux élèves d'avancer dans la compréhension du cours ? Si un élève est en difficulté, ne doit-on pas mettre en œuvre les moyens de l'aider, lorsqu'on le peut ? Quand un élève montre une légère progression dans la bonne volonté et l'effort d'application, ne doit-on pas l'encourager ? Ah oui, je sais mes questions sont stupides.
Lassée de l'affaire, j 'ai confié le bébé au père, qui prévoit de rencontrer la professeure obtuse, mais je crois que le "triangle éducatif" pour cette année dans cette matière, est bancal.
Aux parents déroutés, je précise que des indications pédagogiques sont sur ce site, assez imbuvable, et sur le site officiel .gouv. Quant à moi, assurée que ma fille ira en troisième de toute manière, je prévois d'aller passer avec elle les prochaines vacances en Sardaigne (en bateau), et, qui sait, au musée du Louvre.