scie musicale
L'autre matin, m'adonnant au repassage, j'ai réalisé que la sensation de bien-être que je ressentais, était liée au ronronnement de la machine à laver (une B*sch acquise il y a cinq ans) dans la salle de bains. Le son produit par la rotation alternative du tambour, un léger grincement en corollaire, le très vague bruissement du linge et de l'eau mêlés, ont sur moi un pouvoir d'apaisement.
L'entretien du linge est encore souvent l'apanage des femmes.
Il faudrait lire à ce sujet "la trame conjugale" (que je n'ai pas) de Jean-Claude Kauffman, ainsi que le livre de Marie Magdeleine Lessanan "Entre mère et fille un ravage"(acheté il y a quelques années, en attente) où sont traités les sujets du linge et de sa fonction, de son entretien. Dans le deuxième ouvrage, c'est ponctuellement, à propos du crime des sœurs Papin (lire "les bonnes" de Jean Genet), que l'auteur relie au lavage et au mélange des linges de toutes les femmes en jeu (on évoque tout de suite l'expression de laver son linge sale en famille).
Bref, ce bien-être électroménager vient sans doute de l'enfance, de mes réminiscences auditives et olfactives (ah, l'odeur du savon chaud) et de leur alliance directe avec la réassurance maternelle. La sensation de protection liée au père est attachée à une terrifiante scie circulaire dont le son me déchire encore les tympans après quarante ans.