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Les caprices d'Ennairam
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11 mars 2007

dernières cartouches

 

A NE PAS LIRE AVANT DE VOIR LES EPHEMERES !

 

 

La cartoucherie de Vincennes, pour la petite provinciale que je suis, est un lieu mythique où officie le théâtre du soleil, dont Ariane Mnouchkine serait la grande prêtresse. D'elle je ne connais rien, hormis le film sur Molière, quelques informations glanées de ci de là, l'admiration que lui portait M., les spectacles de Philippe Caubère.

Aller voir "les éphémères", c'était réaliser un vieux rêve.

Les portes ouvrent vers midi. Nous arrivons à 12h30. Il faut d'abord aller chercher le papillon avec un numéro de places dans les gradins. Puis on a le temps de prendre une collation. Je me régale d'une soupe blanche, bien relevée. Une atmospère de  "fête de l'huma"  dit le jeune homme qui m'accompagne.

l'espace bar : la salle aux mille bouddhas


Je ne sais pas. Une horde d'inconditionnels de la dame, et d'amateurs fervents, venus là partager leur amour du théâtre pendant huit heures.

Premier tableau : une plateforme roulante poussée par des comédiens. Deux hommes commencent à monter un décor à l'aide d'une perceuse visseuse, d'autres apportent les éléments de mobilier.

Réflexion de mon voisin : "Si c'est comme ça tout le long, on comprend pourquoi ça dure huit heures".

Et le spectacle commence. On ne peut s'empêcher de le trouver tarte au début. Ces décors finement léchés jusqu'au moindre détail. Ces scènes de la vie quoitidienne, tellement quotidiennes. On le savait, mais tout de même. Pas de texte. Un kaléïdoscope de la population. Des gestes lents et précis comme dans un film de Duras.

Distribution de couvertures avant le spectacle au premier rang .

A l'entracte, vers dix-sept heures, je partage avec mon compagnon un plateau repas. A la table où nous sommes assis, cinq femmes commentent, nous prenons part à la conversation. Chacun fait des paris pour savoir si le transexuel va se marier avec l'huissier, si la bonne de grande famille est bien celle qui a failli se faire expulser par l'huissier, ce que va trouver la fille dans le coffre que sa mère a laissé à la banque etc. Que nenni ! Il semblerait que le parti pris du spectacle soit qu'il n'y ait aucun lien d'une scène à l'autre. L'une dit que ça l'agace un peu de venir au théâtre voir ce qui se passe chez elle, l'autre dit que non, finalement chez elle c'est moins triste.

Alors ? Je dirais que c'est un mélange d'abstraction et d'hyper réalisme.  Des scènes, qui peuvent ou non, avoir des rapports entre ellles, au moins ceux que nous créons nous-mêmes et la permanence des acteurs. J'ai pensé aux boîtes playmobil : chaque décor est parfaitement réalisé selon la circonstance, avec les personnages idoines ; "un merveilleux jardin", "l'échographie", "une nuit à l'hopital" etc. J'ai même un instant cru que la tarte préparée par une actrice cuisait vraiment pendant la scène. (Oui,oui, il y avait une autre tarte, cuite, dans le four). Les décors sont déplacés par les comédiens d'une entrée à l'autre de l'espace de jeu. Cela pourrait faire penser à du travelling, au contraire du théâtre filmé, j'ai évoqué du cinéma théâtralisé.
J'ai admiré la performance des acteurs qui jouent en tournant et parfois dans un référentiel qui se déplace à grande vitesse, en fonction de l'intensité dramatique.

J'ai aimé le son qui fait le spectacle. De ma place je voyais officier le maître, qui m'a subjuguée.

Peu à peu le quotidien sort de lui-même. Il se passe quelque chose, on ne sait pas quoi, c'est de l'ordre de l'imprégnation, de l'immersion totale. Comme le grenier de plusieurs générations, où l'on aurait passé la journée à fouiller, découvrir des objets, lire des fragments de lettres. Tout d'un coup on s'aperçoit qu'il fait nuit. Le temps est passé si vite.

Et voilà comment on sort à vingt-et-une heures, un peu groggy. On s'entasse dans la navette, on scrute les visages, légèrements hagards et repus de ceux qui, tiens, on fait le voyage avec nous à l'aller. Ah tout de même...

Bon, c'est vrai, ayant entendu parler des Atrides et autres spectacles, j'ai été un tout petit tantinet déçue, et pourtant émue et surprise aussi. Voilà. C'est la magie du théâtre. L'éphémère.

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Commentaires
G
Fmr en 8 heures ! mais après on remballe ?<br /> J'ai vu 1793 en direct là-bas qd j'étais ado, subjuguée d'être dans la scène, à la fois juge et partie de ces empoignades de poissonnières sur les bancs de l'assemblée nationale. <br /> Mais 1759 : Martin circus nous a fait le spectacle avec toutes les chansons que je connais encore par coeur (le disque existe encore mais je ne l'ai plus !) car il y avait grève et la prof de Français de notre lycée du Val Fourré en a pleuré sur le trottoir !
L
J'ai eu la chance, au hasard d'une rencontre, de dîner à la Cartoucherie avec la troupe du Théâtre du Soleil. Il faisait beau, nous étions installés à l'extérieur, sur des tables de pique-nique et c'était très bon enfant. Les comédiens sont tous des passionnés qui ne ménagent ni leur temps ni leurs efforts.. Je me souviens d'un spectacle "hors norme", très long, très curieux.. <br /> Je comprends assez l'expression "groggy"..
E
et pourtant je crois que c'est justement sa façon à elle de nous surprendre...
P
Je ne suis pas sûr que cela me donne envie d'y aller (je suis comme toi, j'ai trop entendu parler des spectacles mythiques de la grande Ariane)
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