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Les caprices d'Ennairam
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10 décembre 2006

Ave Maria et Marseillaise - La Musique et moi (1)

Ou « Comment, après ne pas avoir été coureuse de cent mètres, je n’ai pas été chanteuse lyrique, ni même réaliste

Vendredi prochain, j'irai à l'église Sainte Radegonde écouter les premières notes de ma fille avec sa classe de contrebasse, et les chants de sa classe de solfège.

Dans ma famille, il y avait un mythe, une croyance familiale solidement ancrée, selon laquelle nous n'étions pas doués pour

la musique. Cela

excluait toute idée de recours à une quelconque éducation musicale : nous n'étions pas faits pour ça. Il n'y en avait qu'un, dont mon père se vantait d'avoir découvert le don en l'écoutant jouer sur mon piano d'enfant en bois bleu décoré de poussins roses : mon parrain, qui, ayant aussi la chance de ne pas avoir de très bons résultats à l’école, a pu se consacrer à une carrière de musicien.

Chaque mythe engendrant ses histoires répétées invariablement aux réunions familiales, mon père aimait raconter que ma soeur avait chanté la Marseillaise sur l'air de l'Ave Maria. Ainsi n'a-t-elle jamais pu fredonner quoi que ce soit, traumatisée par la certitude de chanter faux. Ne s'était-elle pas seulement trompée de mélodie, avec les bonnes notes ?

Quant à moi, j'ai reçu une profonde blessure narcissique en CM1, lorsque la maîtresse nous a auditionnés sur "Au clair de la Lune" et ne m'a pas retenue pour chanter "la Marseillaise" au monument aux morts, alors que j'étais en pleine période mysticopatriotique.


Se canto, Place du Capitole

Beaucoup plus tard, j'ai pu constater que je chantais juste avec un professeur, mais que j’en suis quasiment incapable en solo devant un groupe.
J'ai aussi lu "L'oreille et la vie" d'Alfred Tomatis, et d'autres ouvrages qui m'ont laissé entendre que tout le monde peut chanter juste, et qu'il y a une relation forte entre l'oreille, la voix, et l'affectivité.

D’oreille donc, nous n’avons pas dans la famille, et je me suis interrogée, enfant, sur cette particularité physiologique : avoir des oreilles qui entendent et ne pas avoir d’oreille, d’autres au contraire l’ayant « absolue ». Les mêmes qui me demandent perfidement, la réponse étant incluse dans la question : « Et…tu es sure que c’est…juste ? », ou qui frémissent au huitième de ton d’écart au violon.

(Ce qui m’a définitivement détournée de toute idée de vie maritale).


Mon professeur de violon polonais  me disait qu’un violoniste débutant ému joue un demi-ton trop haut. Sans doute est-ce pour se préserver des excès d’émotion de ses aspirants virtuoses qu’il fourre  ses conduits auditifs de coton.

Juste ou pas, éducateurs, parents, par pitié, ne brisez pas sans appel les enthousiasmes enfantins.

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Commentaires
W
thanks share!
O
good website.thanks share!
E
Bravo...
V
Magnifique ouvrage que celui de Tomatis, si juste et plein d'espoir.<br /> J'ai eu un atelier dans lequel je faisais chanter les enfants, et ceux qui chantaient "faux" y ont quand même pris beaucoup de plaisir malgré leur réticence initiale, parce nous avons utiliser leur dissonnance pour donner plus de profondeur aux chants de groupe.<br /> Peut-être que les parents m'ont maudite par la suite, mais ces enfants sont repartis avec l'envie de chanter.
S
C'est pour ça que moi, j'ai choisi la batterie ! ;-) Bon, allez, je sais quand même chanter à peu près juste, mais je n'ai pas de talent particulier...<br /> <br /> Sinon, à voir ta photo, j'imagine qu'on aurait pu se croiser, appareil au coup tout les deux ! J'aurais du un peu mieux regarder...
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