Ave Maria et Marseillaise - La Musique et moi (1)
Ou « Comment, après ne pas avoir été coureuse de cent mètres, je n’ai pas été chanteuse lyrique, ni même réaliste
Vendredi prochain, j'irai à l'église Sainte Radegonde écouter les premières notes de ma fille avec sa classe de contrebasse, et les chants de sa classe de solfège.
Dans ma famille, il y avait un mythe, une croyance familiale solidement ancrée, selon laquelle nous n'étions pas doués pour la musique. Cela
Chaque mythe engendrant ses histoires répétées invariablement aux réunions familiales, mon père aimait raconter que ma soeur avait chanté la Marseillaise sur l'air de l'Ave Maria. Ainsi n'a-t-elle jamais pu fredonner quoi que ce soit, traumatisée par la certitude de chanter faux. Ne s'était-elle pas seulement trompée de mélodie, avec les bonnes notes ?
Quant à moi, j'ai reçu une profonde blessure narcissique en CM1, lorsque la maîtresse nous a auditionnés sur "Au clair de la Lune" et ne m'a pas retenue pour chanter "la Marseillaise" au monument aux morts, alors que j'étais en pleine période mysticopatriotique.
Se canto, Place du Capitole
Beaucoup plus tard, j'ai pu constater que je chantais juste avec un professeur, mais que j’en suis quasiment incapable en solo devant un groupe.
J'ai aussi lu "L'oreille et la vie" d'Alfred Tomatis, et d'autres ouvrages qui m'ont laissé entendre que tout le monde peut chanter juste, et qu'il y a une relation forte entre l'oreille, la voix, et l'affectivité.
D’oreille donc, nous n’avons pas dans la famille, et je me suis interrogée, enfant, sur cette particularité physiologique : avoir des oreilles qui entendent et ne pas avoir d’oreille, d’autres au contraire l’ayant « absolue ». Les mêmes qui me demandent perfidement, la réponse étant incluse dans la question : « Et…tu es sure que c’est…juste ? », ou qui frémissent au huitième de ton d’écart au violon.
(Ce qui m’a définitivement détournée de toute idée de vie maritale).
Mon professeur de violon polonais me disait qu’un violoniste débutant ému joue un demi-ton trop haut. Sans doute est-ce pour se préserver des excès d’émotion de ses aspirants virtuoses qu’il fourre ses conduits auditifs de coton.
Juste ou pas, éducateurs, parents, par pitié, ne brisez pas sans appel les enthousiasmes enfantins.